Ces annonces interviennent après les incursions de drones observées en Europe du nord, qui ont notamment paralysé l'aéroport de Munich.

Un soldat allemand de la Bundeswehr, en démonstration d'un brouilleur de drones, en septembre 2025 (illustration) ( AFP / TOBIAS SCHWARZ )
La défense aérienne de l'Allemagne va aussi passer par sa police. Berlin a annoncé mercredi 8 octobre que ses forces fédérales pourront abattre des drones. Cette décision a été prise après le survol de sites sensibles à travers l'Europe, notamment en Allemagne, que les autorités soupçonnent d'être des tentatives russes d'intimidation et d'espionnage. Le ministre de l'Intérieur, Alexander Dobrindt, a présenté des amendements législatifs visant à renforcer les moyens de la police fédérale qui pourra "agir avec des technologies de pointe face aux menaces constituées par les drones".
"Echange intensif" avec Israël et l'Ukraine
"Abattre les drones sera désormais réglementé et possible pour la police fédérale", a-t-il dit, à l'issue du conseil des ministres où le texte a été présenté. En outre, un "centre de défense antidrones sera mis en place", afin de coordonner l'action des polices fédérale et des Länder, les Etats régionaux allemands.
Le ministre a également annoncé être en "échange intensif" avec des pays ayant une plus grande expérience en la matière, Israël d'une part, mais aussi l'Ukraine, cible quotidienne d'attaques russes contre ses villes et sur le front. Il a évoqué un budget d'un montant se comptant "en millions d'euros à trois chiffres" c'est-à-dire 100 millions d'euros minimum, sans pour autant préciser le calendrier, soulignant que l'équipement dépendra aussi des capacités de production des industriels concernés.
Guerre hybride
La police aura la charge de protéger notamment "les aéroports, les gares", ses propres infrastructures et les institutions fédérales, a-t-il précisé le ministre. Un flou juridique empêchait jusqu'ici d'abattre les drones en Allemagne. Mais la question est devenue urgente face à la multiplication sur son territoire et ailleurs en Europe des survols de sites sensibles par des aéronefs suspects.
Le week-end passé, l'aéroport de Munich a été plusieurs fois paralysé par des vols. Le Land septentrional du Schleswig-Holstein a également été survolé par des appareils à de nombreuses reprises. Le chancelier Friedrich Merz a jugé dimanche Moscou "probablement" responsable de ces incidents.
Accusant à maintes reprises Vladimir Poutine de livrer une "guerre hybride" contre les Occidentaux, M. Merz, dont le pays est l'un des plus grands soutiens à l'Ukraine, a ordonné au printemps des investissements colossaux dans la défense et l'armement après des décennies en sous-financement.
Prise entre une Russie toujours plus menaçante et des alliés américains en repli, l'Allemagne s'est positionnée en fer de lance du réarmement européen. D'autant que les incidents impliquant des drones, les sabotages, les campagnes de désinformation et d'influence s'y sont multipliés. D'autres pays européens ont également été visés par des survols et la Pologne a même été la cible en septembre d'une incursion de drones russes à partir de l'Ukraine. L'Estonie a quant à elle vu trois chasseurs russes armés violer son espace aérien.
La Russie est aussi soupçonnée d'utiliser sa flotte de navires fantômes, qui l'aide à contourner les sanctions économiques, pour envoyer des drones en direction des pays d'Europe du Nord
Mur européen
A leur dernier sommet à Copenhague, les dirigeants de l'UE ont donc discuté de la constitution d'un "mur antidrones" pour se protéger, un projet impliquant un ensemble de solutions technologiques et militaires. L'usage de drones d'attaque et le développement de moyens de défense antiaérienne sont devenus des aspects centraux de la guerre en Ukraine, où Russes et Ukrainiens innovent constamment pour tenter de prendre l'avantage sur le camp adverse, plus de trois ans après le début de l'invasion russe.
Fin septembre, le ministre allemand de l'Intérieur avait jugé que l'Allemagne était désormais engagée dans "une course aux armements entre la menace que représentent les drones et les moyens de les contrer". Directement touchée par les perturbations du trafic aérien à l'aéroport de Munich le week-end dernier, la Bavière a présenté mardi son propre projet de loi pour rendre plus facile à sa police régionale d'abattre des drones. Le texte prévoit notamment la fin de l'"interdiction d'armement des drones" utilisés par la police afin qu'ils puissent "attaquer directement un autre drone", a expliqué le ministre de l'Intérieur Joachim Herrmann.
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